homélie


      Régulièrement, nous vous proposons de méditer en notre compagnie, par l'intermédiaire d'une homélie ou d'un texte du Père Alban Doudelet.

 

Pâque  nouvelle

 


   En rapport avec le cinquantième anniversaire de notre Communauté, nous reprenons aujourd'hui un texte publié dans notre défunt bulletin, La Voix de Saint-Jean-le-Précurseur, en 1984 (t. VII, pp. 34 sqq.). Il était repris d'une autre publication disparue ( Résurrection, Louvain-la-Neuve, 13ème année / n°4, pp. 1-4) et était l'œuvre d'une belle plume, celle de l'abbé André Léonard - qui n'était pas encore l'évêque de Namur ou l'archevêque de Malines-Bruxelles ; il avait retenu l'attention de notre rédaction, parce qu'il s'agit d'une belle paraphrase de textes de la liturgie byzantine de Pâques.

 

   " Pâque, ta sainteté se révèle en ce jour à nos yeux :

Pâque nouvelle et sacrée, Pâque mystique du Seigneur,

Pâque vénérable,

Pâque du Christ libérateur,

Pâque tout immaculée,

Pâque à nulle autre pareille,

Pâque des fidèles,

Pâque  nous ouvrant les portes du Paradis,

Pâque dont tout fidèle reçoit la sainteté.

 

   C'est le jour de la Résurrection, en cette fête rayonnons,

l'un l'autre embrassons-nous ;

du nom de frères appelons même nos ennemis ;

pardonnons à cause de la résurrection

afin de pouvoir chanter :

Le Christ est ressuscité des morts,

par sa mort il a triomphé de la mort,

Il nous délivre du tombeau pour nous donner la Vie. "

(premier et dernier tropaire des stichères de Pâques)

 

 

 

    Pâque nouvelle ! Pâque de nouveauté ! Pâque où tout est renouvelé !

   Pâque nouvelle pour toi d'abord, Seigneur Jésus. Nous te confessons, Verbe éternel de Dieu, qui es entré dans notre temps, qui as pris du temps pour nous, afin de nous arracher au temps perdu du péché et d'engranger notre histoire dans ton éternité. Nous te félicitons en ce jour nouveau, le huitième jour de la semaine du monde, où tu retournes au Père éternel, emportant avec toi toute notre histoire et inaugurant les temps nouveaux, les derniers temps, le temps de l'Église qui a déjà confiné à la bienheureuse éternité.

   Nous t'adorons, Dieu fait homme pour que l'homme devienne Dieu. Nous te chantons, toi, l'Homme-Dieu, venu en ce monde, descendu au fond des enfers, toi qui en ce jour remontes au ciel entraînant dans ton ascension le peuple des croyants, prémices de l'humanité divinisée.

   Nous nous prosternons devant toi, l'Innocent, le Saint de Dieu mis au nombre des pécheurs, toi qui, en ton abandon sur la croix, as gouté l'amertume du péché et as bu jusqu'à la lie le calice redoutable de l'absence de Dieu. Toi qui n'avais pas commis de péché et que le Père, dans son trop grand amour pour nous, a identifié au péché du monde, à notre péché, afin qu'en toi nous ayons part à la sainteté de Dieu. Nous nous réjouissons avec toi en ce jour où, après la chute dans l'abîme, tu es rendu à la communion joyeuse avec ton Père ; " Je suis ressuscité et je me retrouve avec toi. Ta main s'est posée sur moi, ta sagesse s'est montrée admirable, alleluia ! " (Psaume 138, 18 et 5-6, selon le texte grec).

   Nous te remercions, toi le Fils prodigue qui, dans l'excès de ta charité à notre égard, as quitté la maison paternelle pour venir gaspiller en ce monde les trésors de l'amour paternel et te prostituer avec l'humanité pécheresse. Toi qui, aux jours de ta passion, t'es retrouvé seul, affamé, recru d'angoisse et de détresse, mendiant le réconfort de tes disciples et ne l'obtenant pas ! Nous nous réjouissons avec toi en ce jour où le Père te saute au cou, te couvre de baisers, te revêt de la robe de la résurrection et te passe au doigt l'anneau de la gloire pascale, en pleurant de joie "car mon Fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé " (Lc., XV 24).

   Nous te louons, Dieu saint, Dieu fort, Dieu immortel, qui as porté notre péché, éprouvé notre faiblesse, goûté notre mort, et qui remontes en ce jour auprès du Père, libéré de tous les liens de la mort et du péché, mais lourd de toute l'expérience humaine gravée dans les blessures de ton corps immortel.